Recueil de textes Femin’Art

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FEMIN’ART

Préface:

De la parole intime à l’expression publique.

«La femme a le droit de monter à l’échafaud
Elle doit avoir également celui de monter à la tribune » Olympe de Gouges, guillotinée à Paris le 3 nov. 1793

« Merci, les mamans ! Vous vous êtes bien battues pour l’émancipation des femmes. Elles ont acquis tous les droits possibles imaginables et donc : main-tenant, c’est réglé ! ». D’une manière générale, c’est l’attitude de la génération de jeunes engen-drée par des mamans féministes-pures-et-dures. Autour de la fin du siècle dernier il y avait en effet une sorte de ras-le-bol généralisé du discours fémi-niste censé accuser tous les hommes de tout horizon à travers toute l’histoire de l’humanité de tous les maux de toutes les femmes du monde. Pour les jeunes, la question du « genre » n’est plus à l’ordre du jour, à leur ordre du jour, du moins dans les pays occidentaux. Et pourtant… L’avènement accéléré et irréversible des femmes sur la scène publique et sur le marché du travail, leur présence croissante dans l’ensei-gnement supérieur et les postes de direction ou autres formes de pouvoir, font que cette question est entrée par la petite porte. Cette fois-ci ce sont des expériences concrètes sur le lieu du travail des relations entre femmes et hommes dans des rapports de force et de pouvoir, de l’(in)égalité de chances, du paiement sexué, du sexisme persistant, des images stéréotypées des ca-pacités des un-e-s et des autres, de la répartition des tâches à domicile, des expériences vécues autant par des femmes que par des hommes… Les faits et chiffres fournis par les institutions des Nations unies et des centres de recherche renommés en disent long. En témoigne aussi le programme interrégional intitulé « Mots d’Elles / Fé-min’Art », initié par les Foyers ruraux du Clunisois, de la Moselle, des Vosges, de Poitou-Charentes et étendu à la Hongrie et la Lituanie. Dans sa présenta-tion, il est dit : « Ce projet s’appuie sur la conviction des organisations cultu-relles engagées dans ce projet (…) que les femmes doivent prendre la parole dans l’espace public pour apporter des alternatives aux problèmes sociétaux posés aujourd’hui dans le monde. » Si les femmes « doivent prendre la parole dans l’espace public » pour s’expri-mer sur des problèmes sociétaux, la question qui se pose tout de suite est celle de savoir pourquoi elles ne le feraient pas suffisamment ? Et pourtant ! Les femmes… elles parlent ! Le problème serait-il qu’elles ont l’impression que leur parole n’est pas toujours prise au sérieux dans l’espace public ? « Les femmes ça bavarde. Les hommes discutent !». Quelles sont les barrières à la prise de parole requise ? Ne serait-ce que lié à la position sociale/économique/politique toujours pas égale de la femme dans la société ? Ou bien y a-t-il aussi des problèmes sous-jacents, pas suffi-samment rendus explicites ? Par exemple : est-ce que les femmes se rendent compte en quoi leurs vues sur des relations sociales puissent diverger de celles des hommes ? Et en quoi leurs manières de s’exprimer à travers la parole puissent être différentes de celles des hommes ? Et les hommes se rendent-ils compte que leurs visions sur les modes d’organisation de la so-ciété, les priorités à privilégier, les façons de communiquer ne sont peut-être pas aussi évidentes qu’ils ne le croient ? Quel est le rapport des unes et des autres aux relations humaines et au langage ? Et puis, comment est-ce que les femmes font face à l’incompréhension, à des discriminations ? Est-ce qu’elles se résignent et préfèrent rester à l’écart de l’espace public ? Sinon, quels outils de résistance utilisent-elles devant non seulement leurs positions d’inégalité économique et politique, mais aussi face à l’image culturelle et religieuse de la femme créée à travers les siècles ?

Extrait de l’intervention d’Edith Sizoo
en Bourgogne, en Moselle et dans les Vosges en 2016

 

De la parole poétique à la parole politique 

De la parole poétique à la parole politique Fémin’Art est un programme européen qui propose aux femmes des terri-toires ruraux de prendre la parole dans l’espace public afin d’apporter des alternatives aux problèmes sociétaux qui se posent aujourd’hui dans le monde. Il s’agit de trouver une autre voix pour une autre voie. Trois pays participent : la Lituanie, la Hongrie et la France où trois groupes sont constitués : le groupe de Bourgogne, le groupe de Poitou-Charentes et les groupes de Lorraine. Si les groupes de Hongrie et de Lituanie s’enracinent dans les centres culturels des villes participantes (Martfű et Ukmerge), en France, ils s’enracinent dans le mouvement des Foyers ruraux. Une évolution lente et progressive Au départ, il était prévu de mettre en place un processus d’expression autour des thèmes que les femmes auraient identifiés, mais dans les trois pays, dans tous les groupes, les femmes ont induit un préalable : revenir sur ce qu’elles sont, sur les points importants de leur vie ; elles ont voulu se réinterroger sur leur parcours personnel et sur leur territoire. Elles ont emprunté des chemins de traverse et naturellement observé les conditions de la prise de parole. L’art au cœur de la démarche Le processus artistique créatif a commencé et différentes paroles ont été convoquées : La parole sensible libérée par la démarche artistique proposée (arts plas-tiques, écriture).
La parole intime qui a permis à chacune de s’interroger sur les territoires qu’elle a exploré (territoires intimes, territoires géographiques, territoires d’engagements…).
La parole secrète celle qui ne se révèle que dans la confidence et dans la confiance.
La parole qui souligne la trace et les empreintes que l’on veut laisser.
Les paroles ordinaires qui parlent du quotidien mais qui retracent différentes époques et qui s’inscrivent dans la mémoire collective.
Les paroles militantes qui retracent l’émancipation des femmes.

Ce recueil garde la trace des créations réalisées et des écrits nés de ce mou-vement :

• Des photos des réalisations artistiques créées dans chaque pays, • Des essais expérimentés dans des ateliers d’écriture, • Des témoignages de femmes parlant de leur culture, • Des textes issus d’un travail autobiographique, • Des extraits de conférences qui ont nourri la réflexion.

Les écrits dévoilent ces petites histoires qui ont trouvé leur place dans la grande histoire. Ces parcours révèlent des passions, des interrogations, des ruptures, des engagements.
A travers ce programme, les femmes ont trouvé « Des mots pour le dire », pour laisser une empreinte de leur situation, en lien avec celle des hommes, de leurs utopies.

Monique Pierlot, Chantal Tramoy

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Femin’Art sur les ondes !

Retrouvez en cliquant sur le lien suivant l’émission radio qui retrace les moments forts du rassemblement transnational : Femin’Art émission complète

Pour vous replonger dans les ateliers et dans les échanges qui ont été proposés pendant l’événement, des reportages radio sont disponibles aux liens suivants :